De l'importance du chien de protection

Ne bouge pas... Laisse-la faire....

Une belle matinée automnale. Je suis au milieu d'une plaine, je marche à proximité de quelques centaines de moutons et je rejoins un berger.

Une chienne est sur mes talons, elle est chienne de protection.

Elle a pour mission de défendre les bêtes de toute forme d'agressivité. En suis-je une ?

Elle est en train de juger...

"Ne bouge pas."

Elle aboie, je suis sur SON territoire.

Elle me renifle, me tourne autour, voit que le berger me connaît, elle se pose. 

Je ne suis pas une menace. Je peux rester.

Une caresse pour la remercier, pas beaucoup plus car il ne faut pas l'habituer, qu'elle ne soit pas détournée de sa mission.

Nous voilà respectivement adoptées. 

Petit rappel à l'ordre du berger en passant :

Une caresse ? Oublie, c'est interdit ! On ne touche pas un chien de protection !

Oups... 

Que de codes à découvrir et surtout à mémoriser ! 

Chien de troupeau, c'est une fonction, un métier, une vie, le devenir d'une raison d'être.

Il doit être en capacité d'analyser rapidement une situation pour réagir de la façon la plus adaptée qui soit. 

C'est un chien extrêmement sollicité et sa tâche est complexe. 

Il doit comprendre les intentions d'un humain de passage, est-il ami ? Ennemi ? Curieux ? Voleur ? Chasseur ? A-t-il une voix à laquelle il faut obéir ou contre laquelle il faut se défendre ? 

On est bien loin du petit toutou à son pépère ou à sa mémère que l'on promène une fois de temps en temps, en laisse évidemment, dans les rues de la ville et qui ira gentiment se vautrer, une fois rentré, sur la couverture du canapé en mordillant une chaussure neuve que ces messieurs dames venaient de s'acheter. 

Médor au pied ! 

Je suis dans le cliché ? Si vous le dites.

Chien de protection, ce n'est pas la même histoire et les pets's lovers verraient peut être d'un mauvais oeil cette relation humain / animal, dominant / dominé que développe le berger avec son ou plus souvent, SES patous. 

Le patou n'est pas un chien comme les autres. Il faut avoir conscience qu'il est conditionné dès son plus jeune âge pour appartenir à un groupe social différent du sien. Il doit appartenir à un troupeau d'ovins.

Il doit apprendre à abandonner son instinct de prédation envers les moutons et autres gibiers, c'est un chien d'alerte et non de défense. 

Il apprend à mettre en veilleuse son instinct de reproduction mais développe celui de protection.

Grâce à cet instinct naturel, il est en capacité de s'inquiéter dès qu'un élément nouveau entre dans son environnement.

Il apprend à repérer et faire fuir d'éventuels prédateurs ou agresseurs, qu'ils soient animaux ou humains. 

Cette préparation prend du temps. Elle nécessite rigueur, autorité et cohérence. Les codes de l'un doivent être précis, compris et acceptés par l'autre. Chaque rôle est défini et doit être respecté pour, finalement, le bien-être de tous. La confiance du berger, le respect de l'animal. 

Pour un chien de protection, il y a deux cercles :

Le premier est un cercle d'intérêt d'un diamètre allant de 50 à 200 m : du mouvement, un bruit... 

Le deuxième est le cercle angoissant ou d'inquiétude : la menace est avérée à l'intérieur même du cercle, son diamètre varie entre 5 et 30 mètres suivant le chien. 

C'est là et seulement là qu'un risque de morsure est à envisager. 

Ayons donc à l'esprit, nous promeneurs qui, sous des élans de bienveillance et d'amour pour nos amis les bêtes, aurions envie de nous approcher d'un peu trop près du toutou trop mignon ou des moutons tout doux en train de pâturer que le chien de protection - comme son nom l'indique - est là pour protéger un territoire et le troupeau qui s'y déplace. Laissons le faire son métier sans s'en mêler, c'est à nous de nous adapter.

Agissons en connaissance et ensemble profitons paisiblement de la nature...

Le patou et ses brebis vous disent grand merci !