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L'Yonne et L'Agneau - Une fable Pastorale
14 mars 2021

Paroles de bergère #2

Mon engagement auprès des moutons.

 

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Un bonheur de se retrouver loin des gens.
Des confiné
×es absorbé×es par une boite à images bien trop bavarde, fermée d’esprit entre
quatre coins abrutissants. Je généralise évidemment, les minorités prennent
souvent le dessus.

Une vie de bergère et d’artiste anonyme.
Une solitude enfin choisie. Une responsabilité enfin adulte. Un apprentissage
brusque de décoffrage. Une liberté à hauteur de femme, là-haut, sur les
plateaux au-dessus du village. Pas si loin finalement et pourtant, un monde à
part s’ouvre à l’œil attentionné.

On déroule, on tire, on plante. On déroule, on tire, on plante.

Incessante ritournelle obligatoire, les parcs sont mobiles et les gestes aussi ;

précision devenue habitude, danse devenue attitude : aucune place pour le faux pas.

Au milieu des parcelles immenses de cultures, on se donne à la tâche, aux moutons : leur bien-être avant le

reste, pas de vague permise, abnégation pour le futur. Ralentir l’excitation,
annihiler la panique, désinhiber l’individu
×e : apprécier l’importance de nos actes. Ralentir.

Puis s’assoir. Prendre le temps de
prendre une pause parce que la nourriture ne manque pas dans le parc, parce que
tous les filets sont posés –ou en phase de l’être –parce qu’une pause boisson
chaude ne se refuse jamais, au pied d’un arbre, un dernier ami plusieurs fois
centenaire, esseulé. Parce qu’une invitation d’un lutin ne peut être ignorée.
On entre chez lui, on pose le blouson au portemanteau à l’entrée, bras tordu à
hauteur d’humain – pourri par la disparition du lieu –on cherche un petit coin
[juste à côté de l’entrée], et on s’assied à la place de l’invitée. Les
souvenirs d’enfance reviennent ; entre falaises et forêts interminables,
aventures et cascades. Et un prénom. Un ami pas plus haut que trois noix,
souriant, attentif. On ne se perdait pas de vue, on se confiait tout.

C’est un peu ça, mon engagement :
une confidence ; un partage de ma force pour un paisible retour à la
terre. Redonner vie à ce qu’on nous a pris sans réflexion d’avenir. Des notes
sur une page trempée : tout glisse, tes pas laissent des empreintes
méthodiques, les mélodies se jouent comme l’avenir sur un tapis de jeu de
poker…

Et les agneaux, à la tombée de la nuit,
se donnent en défi de se battre à la course, les brebis grignotent leur petit
coin, il y en a toujours une plus gourmande que l’autre, une complètement à
part, encore une contemplative et une dernière, nourrice, surveille d’un œil
attentif des dizaines de petits excités. Si tout ce beau monde va bien, prend
son sabot dans le plat, alors la bergère, après un clin d’œil au soleil
couchant, peut se rentrer, les muscles et les articulations fatiguées mais
l’esprit fertile.

FeuFoLex,
alias Alexane

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