Transhumance mon amour #1

Samedi matin. Le rendez-vous est fixé à 9 heures. Nous sommes une joyeuse troupe plus ou moins experimentée prête à accomplir sa mission : marcher 1,5 kilomètres avec 1 200 brebis-agneaux-béliers, deux bergers, un patou, une chienne de conduite à la retraite un peu sourde d'oreille, une autre plus jeune mais plus difficile à canaliser et un chiot en apprentissage. Même pas peur ! 

Nous sommes motivés, curieux et volontaires, alors on va y arriver !

Pendant que certains restent pour plier les filets et tout remettre en ordre, les autres reçoivent leurs accessoires en fonction de leur rôle et se préparent à marcher. 

En soi, la distance est anodine, dans la réalité, elle sera largement suffisante pour la journée. 

Dernière mise au point et le parc s'ouvre. Nous ne pouvons plus faire machine arrière, les brebis sont poussées vers la sortie et telle une seule et unique masse, s'ébranlent pour leur "promenade du jour". 

Nous avons vocation à les faire avancer, peut-être aurions-nous pu d'abord leur proposer une pause déjeuner ? 

Le parc que nous leur faisons quitter a été bien nettoyé, alors est-ce que nos amies n'auraient pas un petit creux ?

Trop tard, le plan transhumance est enclenché, à nous de nous adapter et de tout faire pour atteindre, dans les meilleures conditions possibles, l'objectif fixé.  

Cela s'annonce difficile. Et oui, sur le terrain, les obstacles sont réels : le chemin à suivre n'est pas une évidence et les brebis profitent de ce trouble pour quelque peu nous échapper.

Groupiiiiiiiiiiiir, restez groupiiiiiiiiiiir, Ja, Ja groupiiiiiiiiiiiiiir !!!!!

En même temps... Que voulez-vous qu'on y fasse ? nous confie Madame Brebis.

Les champs de blé alentours fraichement semés sont une terrible tentation. Difficile de résister...

Cachez moi ce grain que je ne saurais voir...

Les chiens de conduite sont difficiles à diriger, ils ne savent pas où donner de la truffe et de notre côté on ne sait plus où courir pour ramener un peu de calme dans les rangs. Une bonne dose de persévérance ? Oui, ça finit toujours par payer et puis... Avions-nous le choix ? 

Dans tous les cas, nous avons appris.

Le sol change et permet de nous offrir pour quelques instants un rythme plus apaisé.

Pour la peine, d'autres péripéties viennent à notre rencontre : une brebis traîne la patte et a besoin d'un transport particulier. Le camion n'est pas très loin, elle y patientera, une autre fait une crise : lui entailler un peu l'oreille pour faire circuler le sang ! Un agneau fatigue, il faut le porter...

Ce sont les risques du métier, l'instinct prend le dessus et nous permet de continuer à avancer.

Coco file au brebis ! Laisse ce lapin tranquille ! Depuis quand un lapin est une menace pour un troupeau ? Patou, nous ne sommes pas dupes !

File aux brebis on t'a dit ! 

Et vous, M'sieur, Dames ça va ? On tient bon, on se réajuste et gardons à l'esprit ce pourquoi nous sommes-là. Tout va bien. 

De nouveaux obstacles, une route à traverser, un virage un peu costaud à amorcer et finalement nous arrivons à proximité du parc récemment posé. L'agneau s'est remis à marcher, la brebis a digéré, tout semble aller un peu mieux. Un dernier incident dans la troupe des bipèdes vaudra un rapatriement vers la pharmacie la plus proche tandis que d'autres iront acheter de quoi préparer un cocktail de choc en cas de mauvaise digestion : de l'huile et du vinaigre, c'est bientôt l'heure de l'apéro ! Santé... 

La santé, ça, nous faisons tout pour la conserver. Une fois le troupeau en sécurité, nous récupérons les filets, la tonne à eau et tout ce qu'il faut pour monter et assurer un nouvel espace de nourriture en attendant le prochain voyage. 

Un autre épisode à venir après cet échauffement un peu haut en couleurs. Une bonne préparation avant l'étape suivante.

Lundi c'est... 3,2 kilomètres à travers routes, villages et champs. Nous sommes prêts. 

En marche pour une nouvelle aventure !