A la santé des sangliers !

Il n'est pas loin de midi, j'ai un verre de crémant à la main que je lève à la santé d'un sanglier, enfin... d'un chasseur qui a tué un sanglier....

Mais qu'est ce que je fais là ? 

Moi, l'instit végétarienne me retrouve introduite dans un "clan" où je n'avais jamais mis les pieds. Enfin si... toute petite dans les excursions "imposées" par la famille dans le Morvan mais en ai-je vraiment beaucoup de souvenirs ?

Peu importe. 

Revenons dans un temps un peu moins lointain, à commencer par ce matin. La nuit a été fraîche, le soleil se lève tranquillement et les parcelles alentours sont gêlées. Pas besoin de partir trop vite à la tâche, laissons le temps au gel de fondre, aux brebis de se réchauffer et aux agneaux de téter. 

L'équipe du jour est au complet, les missions se répartissent, se réorganisent et chacun se met en route. 

J'accompagne Le Berger pour une "mission herbe". Les brebis nouvellement arrivées ont agnelé il n'y a pas si longtemps et les petits ne sont pas encore suffisamment alertes pour parcourir de trop longues distances, pourtant... ils vont bientôt ne plus avoir le choix. Les parcs actuels n'ont plus que deux ou trois jours de nourriture à offrir après il faudra changer de parcelles, aller grignoter ailleurs et donc se déplacer. 

Peut-être qu'il n'y aura pas plus de 3 kilomètres à parcourir mais pour un agneau vieux d'une quinzaine de jours c'est déjà beaucoup ! 

L'Abbey Road de nos campagnes...

Être berger c'est donc savoir anticiper et éviter les difficultés avant qu'elles n'aient eu le temps de vous embêter.

Nous partons explorer le périmètre. Des couverts qui ne demanderaient qu'à être mangés sont repérés juste à côté du lieu actuel...Pas d'obstacles ou de dangers trop importants,  voilà qui est intéressant ! 

Téléphone dégainé et mise en action ! Première étape : identifier le propriétaire, puis trouver son contact et enfin aller à sa rencontre. 

J'ai toujours été impressionnée par la capacité des agriculteurs à connaître l'appartenance de chaque terre de leur territoire, leur surface approximative et leur localisation sans autre outils que les mots. 

Sans doute l'Oeil du paysan. Un sens qu'ils ont su continuer à exploiter et développer quand d'autres paniquent dès la plus subtile interruption du GPS.

Nous voici donc lancés à travers les chemins sur cette autoroute de l'herbe. La rencontre est fixée à pas plus tard que maintenant dans une ferme voisine, celle d'un agriculteur déjà amateur convaincu de l'éco-pâturage : Les brebis sont actuellement en partie sur certaines de ses terres. 

Nous arrivons au beau milieu d'une réunion festive de chasseurs. Chasseurs et paysans. Ils ont la double casquette.

Ils revivent leur matinée, repartagent leurs émotions, leurs fiertés et on commence à parler de la Terre, du métier de berger transhumant et des avantages qu'apporteraient les moutons s'ils pouvaient aller manger les quelques 10 aines d'hectares repérés au cours de l'heure tout juste écoulée. 

L'accord est passé, les agneaux n'auront pas trop loin à aller et pourront perfectionner leur apprentissage de la marche avant de vivre de nouvelles aventures. 

Tranquillement, naturellement, la conversation se termine. 

Moi, dans mon coin, j'observe, j'écoute et je chemine...